B  I  B  L  I  O  T  H  E  C  A    A  U  G  U  S  T  A  N  A
           
  Voltaire
1694 - 1778
     
   


D i c t i o n n a i r e
p h i l o s o p h i q u e ,
p o r t a t i f


1 7 6 4

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     J E P H T É   O U   D E S   S A C R I F I C E S  
     D E   S A N G   H U M A I N .


     Il est évident, par le texte du livre des Juges, que Jephté promit de sacrifier la première personne qui sortirait de sa maison pour venir le féliciter de sa victoire contre les Ammonites. Sa fille unique vint au-devant de lui; il déchira ses vêtements, et il l'immola après lui avoir permis d'aller pleurer sur les montagnes le malheur de mourir vierge. Les filles juives célébrèrent longtemps cette aventure, en pleurant la fille de Jephté pendant quatre jours. *)
     En quelque temps que cette histoire ait été écrite, qu'elle soit imitée de l'histoire grecque d'Agamemnon et d'Idoménée ou qu'elle en soit le modèle, qu'elle soit antérieure ou postérieure à de pareilles histoires assyriennes, ce n'est pas ce que j'examine; je m'en tiens au texte: Jepthé voua sa fille en holocauste et accomplit son voeu.
     Il était expressément ordonné par la loi juive d'immoler les hommes voués au Seigneur. «Tout homme voué ne sera point racheté, mais sera mis à mort sans rémission.» La Vulgate traduit: Non redimetur, sed morte morietur. (Lévitique, chap. XXVII, v. 29.)
     C'est en vertu de cette loi que Samuel coupa en morceaux le roi Agag, à qui Saül avait pardonné; et c'est même pour avoir épargné Agag que Saül fut réprouvé du Seigneur et perdit son royaume.
     Voilà donc les sacrifices de sang humain clairement établis; il n'y a aucun point d'histoire mieux constaté. On ne peut juger d'une nation que par ses archives et par ce qu'elle rapporte d'elle-même.
 
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     *)
Voyez chapitre XII des Juges.