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B  I  B  L  I  O  T  H  E  C  A    A  U  G  U  S  T  A  N  A

 

 

 

 
Julien Jean Offray de La Mettrie
L'Homme Machine
 


 






 




A v e r t i s s e m e n t
d e   l ' I m p r i m e u r


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On sera peut-être surpris que j'aie osé mettre mon nom à un livre aussi hardi que celui-ci. Je ne l'aurois certainement pas fait, si je n'avois cru la Religion à l'abri de toutes les tentatives qu'on fait pour la renverser; & si j'eusse pu me persuader, qu'un autre Imprimeur n'eût pas fait très volontiers ce que j'aurois refusé par principe de conscience. Je sai que la Prudence veut qu'on ne donne pas occasion aux Esprits foibles d'être séduits. Mais en les supposant tels, j'ai vu à la première lecture qu'il n'y avoit rien à craindre pour eux. Pourquoi être si attentif, & si alerte à supprimer les Argumens contraires aux Idées de la Divinité & de la Religion? Cela ne peut-il pas faire croire au Peuple qu'on le leurre? & dès qu'il commence à douter, adieu la conviction, & par conséquent la Religion! Quel moien, quelle espérance, de confondre jamais les Irréligionnaires, si on semble les redouter? Comment les ramener, si en leur défendant de se servir de leur raison, on se contente de déclamer contre leurs mœurs, à tout hazard, sans s'informer si elles méritent la même censure que leur façon de penser.

    Une telle conduite donne gain de cause aux Incrédules; ils se moquent d'une Religion, que notre ignorance voudroit ne pouvoir être conciliée avec la Philosophie: ils chantent victoire dans leurs retranchemens, que notre manière de combattre leur fait croire invincibles. Si la Religion n'est pas victorieuse, c'est la faute des mauvais Auteurs qui la défendent. Que les bons prennent la plume; qu'ils se montrent bien armés; & la Théologie l'emportera de haute lutte sur une aussi foible Rivale. Je compare les Athées à ces Géans qui voulurent escalader les Cieux: ils auront toujours le même sort.

    Voilà ce que j'ai cru devoir mettre à la tête de cette petite Brochure, pour prévenir toute inquiétude. Il ne me convient pas de réfuter ce que j'imprime; ni même de dire mon sentiment sur les raisonnemens qu'on trouvera dans cet écrit. Les connoisseurs verront aisément que se ne sont que des difficultés qui se présentent toutes les fois qu'on veut expliquer l'union de l'Ame avec le Corps. Si les conséquences, que l'Auteur en tire, sont dangereuses, qu'on se souvienne qu'elles n'ont qu'une Hypothèse pour fondement. En faut-il davantage pour les détruire? Mais, s'il m'est permis de supposer ce que je ne crois pas; quand même ces conséquences seroient difficiles à renverser, on n'en auroit qu'une plus belle occasion de briller. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
 
 
 
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